Par manque de transparence, par mauvaises habitudes, la valeur des transferts des joueurs tunisiens sur notre mercato n’est pas souvent révélée. Un sujet qui fâche même, contrairement aux autres championnats professionnels où la transparence est de rigueur.
Hamdi Negguez a signé un contrat de trois ans pour un montant qui avoisine les 800.000 dinars par an que percevera le joueur sans oublier la clause libératoire à payer à son club en Lituanie. Le montant de la transaction ou plutôt les revenus qu’empochera Negguez n’ont pas été révélés directement par le joueur ou par son avocat et agent en même temps, ni même par l’EST. Ce n’est pas la première fois qu’un transfert d’un joueur tunisien sur notre mercato est traité de la sorte. Les montants et la valeur de la transaction restent un sujet «tabou» dont personne ne veut parler. Même quand les journalistes demandent, au même titre que le public (dont une partie est adhérente au club), des informations à ce sujet, c’est toujours la même réponse (le même cliché !) : «C’est personnel, ça ne concerne que le joueur et le club!». Ce sujet tabou, que beaucoup de nos confrères passent sous silence, cache un double problème : social et juridique.
Les joueurs tunisiens ont cette manie de cacher ce qu’ils perçoivent comme salaires. Cela les dérange et les met, selon eux, dans une mauvaise posture (avec également la peur d’être «envié» quand le salaire est conséquent). C’est un problème majeur vu que l’idée reçue est que le footballeur touche en moyenne beaucoup plus que les fonctionnaires d’Etat, ou les professions libérales qui exigent des diplômes et beaucoup plus d’aptitudes intellectuelles.
Transparence
Passons au problème juridique. Le footballeur est finalement un citoyen qui a des droits et des obligations. Le salaire est un sujet personnel, oui, mais la grille salariale, les primes, les revenus contractuels sont des points que le club doit communiquer à l’Etat, mais aussi à ses adhérents. Quand un club paie un autre pour acquérir les services d’un joueur, il communique le montant à ses adhérents, aux commissaires aux comptes pour les états financiers à valider. Les clubs sont des associations qui ont un patrimoine et des ressources qui doivent être bien gérés. Cela exige que tout dinar dépensé doit être déclaré. Quant au joueur, son salaire est soumis à des charges que le club paie. Les adhérents ont le droit de savoir pour responsabiliser les dirigeants. De plus, nos joueurs, qui ne veulent pas parler de leurs revenus, ne payent pas d’impôts. Et ça, c’est le plus grave dans ce dossier. Ils sont déclarés, oui, mais aucune preuve que l’impôt sur les revenus va aux caisses de l’Etat.
L’exemple européen
En Europe, chaque transfert est décortiqué au détail : les chiffres payés par le club, les modalités de paiement, la formule adoptée (présence de bonus par exemple), et aussi le salaire annuel net d’impôt. C’est ça un championnat professionnel où les clubs sont des sociétés ayant une responsabilité managériale et la confiance des actionnaires. Chaque montant doit être déclaré. Sans gêne, sans complexe et sans soupçon de corruption.